Sur les traces des muletiers
23 kilomètres, 1200 m de dénivelé, 2 litres de sueur, des ponts diaboliques et toute la splendeur du massif des Alpes – voilà les ingrédients d’une randonnée vers le plus célèbre des cols suisses.

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C’est parti pour le Gothard. Je veux expérimenter une partie de l’histoire au rythme lent de l’époque. Marcher sur les traces des muletiers, mais avec un fardeau plus léger et sans mulets. C’est la construction du pont du Diable vers 1220 qui a rendu le sentier accessible aux muletiers. Les roues de la première diligence postale empruntèrent pour la première fois la route du Gothard vers la moitié du XVIIe siècle.

Que de bruit au départ
Mon point de départ est la fameuse égliseTarget not accessible, un véritable trésor culturel suisse: grâce aux tunnels hélicoïdaux, on peut l’apercevoir à trois reprises lorsqu’on emprunte le train régional. Emil SteinbergerTarget not accessible l’a rendue célèbre dans son fameux sketch, et Lo & Leduc en ont eux aussi chanté les louangesTarget not accessible.
La randonnée commence dans le bruit, la chaleur et le goudron. Avec, à ma droite, vue sur des voitures et des motos vrombissantes et, à ma gauche, une autoroute à deux voies. Bientôt, le chemin bifurque toutefois pour longer un joli petit ruisseau et débouche sur des prairies verdoyantes avant de se transformer en un étroit sentier forestier.
«S Chileli vo Wasse», à plus de 900 m au-dessus du niveau de la mer, dans la vallée de la Reuss (UR)

Une rivière rafraîchissante
À Göschenen, l’autoroute disparaît dans la montagne et le seul bruit restant est celui des eaux glacées et turbulentes de la Reuss qui tourbillonnent entre les rochers. La chaleur de midi est écrasante et je rêve de faire trempette. Mais pas de temps pour la baignade: j’ai encore 1000 mètres de dénivelé et 18 kilomètres à parcourir.
Aussi déchaînée que fraîche, la Reuss dévale la montagne.

Les ponts du Diable
La vallée se fait plus étroite alors que les parois rocheuses se resserrent, je chemine sur un sentier sinueux et escarpé: j’ai atteint les gorges de Schöllenen! Un virage contourne un éperon rocheux – et me voilà déjà au pont du Diable.
La légende veut que le Diable ait construit le premier pont du Diable, après que les Uranais eurent échoué à de nombreuses reprises à accomplir cette tâcheTarget not accessible. Aujourd’hui, il ne reste rien du pont original. C’est le deuxième pont, érigé en 1830, qui permet à présent de franchir la Reuss tumultueuse.
Les ponts du Diable des gorges de Schöllenen
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La haute société cosmopolite côtoie l’univers des montagnes
Un petit escalier en colimaçon me permet d’accéder à la plaine d’Andermatt. Un vaste plateau vert s’ouvre alors sous mes yeux et m’offre un tout autre paysage à admirer. Une partie de golf est en cours! J’observe les touristes tout de blanc vêtus occupés à lancer des balles à travers le green, redresser leurs képis, s’asseoir sur leurs voiturettes de golf pour traverser le green et les caddies gantés qui tirent des trolleys.

Dans le massif
Dans le village pittoresque d’Hospental, je fais une dernière pause dans la vallée: j’en profite pour boire un jus de pommes pétillant dans un bar à la mode dont les hôtes parlent italien, recharger mon téléphone et remplir ma gourde,
avant d’entamer mon ascension dans le massif du Gothard. Le sentier serpente dans la montagne et traverse des espaces verdoyants. À ma gauche, la Reuss s’écoule du Gothard. À ma droite, les voitures décrivent de longs virages le long de la route.

Des montagnes fleuries
Bientôt, je traverse le Blumenhüttenboden, l’air alpin est agréablement frais, les fleurs dansent dans le vent, une marmotte siffle, des vaches broutent. Je suis loin de tout, au beau milieu de la montagne.
Vue sur la vallée sur le chemin du Blumenhüttenboden

Sur les hauteurs du Tessin
Le sentier sous mes pieds, tantôt pavé de pierres naturelles, grimpe doucement – les vestiges d’une ancienne route.
Et après six heures de marche, je rejoins enfin le Tessin: che bello!
À pied vers le Tessin. la borne sur la route du col du Gothard à plus de 1900 m au-dessus du niveau de la mer.
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Des sommets éthérés
Les trois heures et les 600 mètres de dénivelé dans le massif du Gothard sont le plus beau moment de la randonnée. La pente n’est pas trop raide, le sentier passe par des prairies de montagnes en pente douce parsemées d’imposants blocs rocheux débouchant au moment du col sur des rochers plats. Le vent siffle dans mes oreilles, les surfaces irisées des lacs de montagne ondoient, les sommets semblent percer les nuages. Le vieil hospice est tout proche, j’ai réussi!

Airolo – Göschenen
Le lendemain matin, j’emprunte le sentier zigzagant à proximité de la Tremola sous le chaud soleil du matin. C’est la route pavée construite en 1830 par laquelle je redescends la montagne. Les cyclistes peinent dans la montée, les motocyclistes se penchent dans les virages et bientôt, le merveilleux paysage alpestre disparaît. J’arrive à Airolo. Je prends le train régional pour retourner en Suisse alémanique. Je traverse la montagne et à Wassen je fais trois fois le tour de l’église! Quelle magnifique façon d’achever un tel périple.
La légendaire route de «La Tremola» a été construite avec des pavés il y a presque 200 ans.
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Photos: Copyright Claudia Langenegger