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Détour dans un autre monde

En hiver, à Melchsee-Frutt, il fait bon skier et randonner en toute sérénité. Le circuit vers Tannalp offre soleil, calme et un panorama à couper le souffle.

Thomas Häusermann

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De la neige à perte de vue: la randonnée jusqu’à Tannalp offre des étendues impressionnantes.
De la neige à perte de vue: la randonnée jusqu’à Tannalp offre des étendues impressionnantes. (Copyright: Tom Huber)

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Il est 10h00 à la gare de Sarnen. À l’arrêt CarPostal, un groupe hétérogène attend déjà le prochain bus jaune. Tous ont choisi la même destination: Melchsee-Frutt. Une mère avec sa fille à la main et une luge dans l’autre, deux jeunes femmes ont attaché leurs raquettes à leurs sacs à dos et quelques femmes plus âgées sont en route avec des sacs à dos de randonnée. Parmi les personnes qui attendent, il y a également quelques skieuses et skieurs, prêts à dévaler les pistes. Même si Sarnen n’est aujourd’hui qu’une étape, ce village mériterait bien une visite plus longue. Le chef-lieu du canton d’Obwald est situé dans un cadre idyllique au bord du lac de Sarnen, entouré d’un imposant décor de montagnes. Ce noyau historique séduit par ses bâtiments traditionnels bien conservés et ses ruelles étroites qui mettent en valeur leur charme médiéval. Sarnen est devenue célèbre lorsque la légende du football allemand Franz Beckenbauer y a vécu dans les années 70 suite à un accord fiscal controversé. Il avait fait don à la commune d’un court de tennis couvert, mais aujourd’hui, on n’y stocke plus que des réfrigérateurs. Pile à l’heure, le car postal numéro 343 arrive au coin de la rue, se remplit en un clin d’œil jusqu’à la dernière place et démarre. C’est Frank Christen qui est au volant. 

Celui qui conduit habilement son car postal dans le Melchtal jusqu’à la Stöckalp, c’est le chauffeur Frank Christen.
Celui qui conduit habilement son car postal dans le Melchtal jusqu’à la Stöckalp, c’est le chauffeur Frank Christen. (Copyright: Tom Huber)

«Bonjour tout le monde», lance-t-il pour saluer tous les passagers qui montent à bord au cours du trajet d’environ une demi-heure. Arrêt après arrêt, le bus jaune se faufile dans le Melchtal. Les prairies sont encore brun-vert. On passe devant l’hôtel historique de style Art nouveau Pax Montana à Flüeli-Ranft, et c’est comme si le temps s’était arrêté à cet endroit. Cela fait exactement 100 ans que des cars postaux circulent sur cette ligne. Avant un virage particulièrement difficile à négocier, Frank fait retentir trois fois le légendaire cor postal. Les plus petits passagers imitent le «Tu-Ta-Tut» à haute voix, et même les plus âgés ne peuvent s’empêcher de sourire furtivement.

Un peu d’histoire 

Le bus atteint la Stöckalp et donc la fin de la vallée du Melchtal. En été, les voitures peuvent continuer à monter vers Frutt par une route étroite et sinueuse. En hiver, cette route de montagne devient une piste de luge très appréciée, et le petit village de montagne n’est accessible que par télécabine. Celle-ci a été modernisée pour la dernière fois en 2012 et offre une liaison confortable vers le haut plateau, la destination actuelle des randonnées. Avant de redescendre à Sarnen, le chauffeur de bus Frank prend généralement un café au petit bistrot de la station. Aujourd’hui, il sacrifie sa pause-café pour la séance photo, suivant calmement les instructions du photographe sous les yeux de touristes curieux. «Pas de problème, je connais ça, je fais partie de l’association de théâtre», rassure le conducteur de car postal privé de sa pause. Exceptionnellement, son café lui est servi aujourd’hui dans un gobelet «à l’emporter». Il faut un quart d’heure à la télécabine pour passer en douceur de 1080 à 1920 mètres d’altitude. Au cours du trajet, les nuages de brouillard cèdent la place aux rayons du soleil, les prairies brunes se transforment en un paysage enneigé. La neige fraîche de la nuit se dépose comme du sucre en poudre sur les hauts sapins qui bordent le tracé du téléphérique jusqu’à ce que celui-ci dépasse la limite des arbres. La télécabine peut accueillir 15 personnes. Un snowboarder raconte qu’hier a été une «journée d’horreur» mêlant pluie et tempête. Aujourd’hui, la chance est au rendez-vous côté météo. Après des semaines de douceur, la température est hivernale et le ciel est majoritairement bleu. Après la dernière crête, les premiers chalets de Frutt apparaissent. Ce petit village de haute montagne est connu pour être un paradis de la neige et de la randonnée et il a la réputation d’être idéal pour les familles. Des mètres de neige émergent les pointes de l’aire de jeux qui, en été, propose un téléphérique, un circuit de boules à fromage et un clocher. Actuellement, le «Fruttli-Weg», un sentier d’apprentissage et de découverte sur les marmottes, et l’aire de jeux aquatique située directement au bord du lac sont également recouverts de neige. Le fait que la station soit entièrement piétonne en hiver réjouit les familles: tous les chemins sont enneigés et sûrs, on peut aller partout en luge. Les skieuses et skieurs et les snowboarders en profitent également: ils partent sur les pistes directement depuis la porte d’entrée de leur maison. Depuis que le «Blick» a élu Frutt pour la énième fois meilleur domaine skiable de Suisse dans la catégorie «Klein und fein» (petit et raffiné), cette station n’est plus un secret pour personne. Mais il n’y a pas trop de monde, même les jours d’affluence. Bien établie en été comme région de randonnée, Frutt offre également en hiver des itinéraires de randonnée de tous les niveaux de difficulté, du sentier exigeant en raquettes à neige à la promenade hivernale décontractée. L’itinéraire d’aujourd’hui, conduisant jusqu’à Tannalp, dure environ 2,5 heures, ne comporte pratiquement pas de fortes montées et est tout à fait réalisable, même pour des randonneurs inexpérimentés. 

Trois cabines de l’ancien téléphérique (de 1976 à 2012) se trouvent au bord du chemin et attendent patiemment d’être utilisées pour des manifestations de sports d’hiver. Copyright: Tom Huber
Trois cabines de l’ancien téléphérique (de 1976 à 2012) se trouvent au bord du chemin et attendent patiemment d’être utilisées pour des manifestations de sports d’hiver. (Copyright: Tom Huber)

La première prise de la journée 

Depuis la station de télécabine, le chemin sort du petit village enneigé et longe le lac de Melch. Des pêcheurs sur glace se sont installés en groupe sur ce lac de montagne gelé et scintillant. Tom, le photographe, et moi-même descendons la pente et leur rendons visite. La première et unique prise de la journée, nous apprend-on, a été faite par «la personne derrière nous». Pius Glaus se présente comme d’habitude sous le nom de «Glaus Pius». Il raconte qu’ils viennent d’une «entreprise de Lungern». «Nous avons un événement de team building!», dit un autre en riant. Le poisson quant à lui, immobile dans la neige, n’a plus vraiment de raisons de rire. Il devrait rester une exception en cette journée ensoleillée, où tous les gens que nous rencontrons sont remarquablement de bonne humeur. Sur demande, Glaus, pêcheur amateur, brandit patiemment sa prise pour une photo, tantôt contre le décor montagneux, tantôt devant le ciel bleu. «Pius, nous sommes ici pour pêcher, pas pour une séance photo», le taquinent ses jeunes collègues. L’ambiance est bonne, le vin blanc est au frais dans la neige et la photo est dans la boîte. Nous prenons congé et nous retournons sur le chemin réservé à la promenade. 

Homme avec une canne à pêche
(Copyright: Tom Huber)

La neige crisse sous nos pieds. La couche de neige immaculée scintille au soleil. L’air est certes rare ici, mais incroyablement frais et pur. Au bord du chemin, devant un chalet d’alpage enneigé, une femme est assise au soleil de la montagne, avec un chien à côté d’elle. Elle s’appelle Yolanda, lui Kaio. Elle passe chaque minute de son temps libre avec son retriever à poil plat dans les montagnes, au soleil, révèle-t-elle. Elle est vite arrivée ici, car elle habite tout près. «Au bord du lac de Hallwil», précise-t-elle de manière surprenante, en rappelant à quel point on est vite à près de 2000 mètres d’altitude, même depuis le Mittelland. Le chemin de randonnée passe au-dessus d’une chapelle vieille de 85 ans, au bord du lac de Melch. Elle constitue un sujet de photo apprécié et invite à faire une courte pause et à s’arrêter pour admirer le lac, le village, qui semble petit d’ici, et le massif montagneux en arrière-plan. Nous poursuivons notre chemin, nous éloignant du lac de Melch pour nous rapprocher du lac de Tannen et de Tannalp. Les poteaux de randonnée rouges plantés au bord du chemin signalent de manière fiable où l’on va, même lorsque la visibilité est mauvaise. Le chemin est bien entretenu et large. Les promeneurs l’ont pour eux seuls, car il n’y a pas non plus de véhicules circulant sur la neige. En revanche, nous rencontrons de nombreux quadrupèdes. Comme par exemple ce berger australien du nom de Fiery. Monika, originaire du Fricktal, l’accompagne. Le chien pose patiemment devant l’objectif. «Fiery a l’habitude d’être photographié, nous faisons nous-mêmes de la photo en amateur», explique sa propriétaire, qui a décidé spontanément de passer la journée au soleil. 

Fiery, le berger australien, a l’habitude d’être pris en photo. Cela se voit.
Fiery, le berger australien, a l’habitude d’être pris en photo. Cela se voit. (Copyright: Tom Huber)

Sur le chemin de Tannalp, nous traversons un paysage de neige intact, dont l’immensité et le silence nous donnent presque l’impression d’être sur une lointaine planète mystique. Melchsee-Frutt est connu pour être un lieu idéal pour se ressourcer. Depuis le milieu du XIXe siècle, il attire des curistes du monde entier. Les deux bâtiments de l’hôtel de luxe Frutt Mountain Resort se trouvent aujourd’hui sur l’emplacement des hôtels Reinhard et Kurhaus, qui ont marqué cette époque et qui, avec leurs deux terrasses ensoleillées offrant une vue sur le lac, invitent également les randonneurs à se ressourcer.

Du vin mousseux dans des flûtes en plastique 

Après environ 45 minutes, nous arrivons au lac de Tannen. Il est lui aussi recouvert d’une épaisse couche de glace et de neige. Anja et Simon, un jeune couple de Zurich, se sont installés dans la neige profonde avec leurs raquettes, boivent du vin mousseux dans des flûtes en plastique et prennent des selfies pour eux et pour celles et ceux qui sont restés à la maison. Tom les prend également en photo, avec le flash, malgré le soleil. Un peu à l’écart, un couple de personnes âgées observe la scène avec amusement. Le monsieur raconte qu’il était lui-même photographe avant de prendre sa retraite et qu’il utilisait déjà le flash par temps ensoleillé. «Pour faire disparaître les ombres. C’est une vieille astuce!» 

Simon et Anja boivent du vin mousseux dans des flûtes en plastique au bord du lac de Tannen.
Simon et Anja boivent du vin mousseux dans des flûtes en plastique au bord du lac de Tannen. (Copyright: Tom Huber)

Au loin, on aperçoit déjà les maisons de l’alpage de Tannalp: une auberge, une chapelle et quelques chalets d’alpage avec leur fromagerie. Au bord du chemin, un banc s’offre à nous pour une pause pique-nique. Il est réglable en hauteur et peut donc être adapté aux conditions d’enneigement. Tom sort du fond de son sac à dos de photographe un cervelas, du pain et des pommes en tranches. Après une petite heure, nous arrivons à l’auberge de montagne Tannalp, qui marque le point le plus éloigné du circuit. On y trouve tout ce que désire le cœur des randonneurs et des skieurs de fond: une soupe, une terrasse ensoleillée et un verre de cidre fermenté. Entretemps, le soleil s’est fait un peu plus rare. Depuis l’alpage de Tannalp, où tintent les cloches des vaches qui paissent en été et où règne le silence de l’isolement en hiver, nous repartons en direction de Melchsee-Frutt. Simon, de Bâle, vient à notre rencontre. «J’ai vraiment transpiré à l’aller», souffle-t-il en traînant son fils Miro sur une luge Davos. Car même si le chemin est bien préparé, qu’il ne présente presque pas de dénivelé notable et qu’il est plutôt court (à peine 10 kilomètres), marcher dans la neige est fatigant à la longue. C’est pourquoi on y rencontre souvent des enfants en bas âge en luge, tirés par leurs parents. Le sentier fait le tour du lac de Tannen. Différents chemins permettent de revenir au village. Tous sont de longueur similaire et bien balisés. On ne peut pas se tromper.

La sérénité obwaldienne 

Il est 16 heures lorsque nous sommes de retour au lac de Melch. Il ne reste plus que quelques skieurs qui rentrent des pistes dans leur hôtel ou leur appartement de vacances. Des corbeaux de montagne noirs tournent dans le ciel. Les derniers rayons de soleil disparaissent derrière le Brünig-Haupt, la montagne située entre le Frutt et l’Älggli-Alp, située au centre de la Suisse. Sur les derniers mètres, les randonneurs, les promeneurs et les skieurs se partagent le chemin du retour vers le village. 

Paysage de neige
(Copyright: Tom Huber)

Le magasin familial du village, avec son café et son coin jouets, propose des spécialités régionales pour le retour: des pâtisseries de Kerns et des fromages de montagne provenant des fromageries d’alpage environnantes. En semaine, la dernière télécabine redescend à la station inférieure à 17h30. Arrivé en bas, je constate qu’une foule attend déjà devant le car postal encore fermé. Les bus jaunes offrent la seule possibilité d’arriver et de repartir avec les transports publics. Le car postal est donc plein au retour. Mais au lieu des «coups de coude» et des bousculades stressantes auxquelles nous nous attendions, c’est une leçon de sérénité obwaldienne qui nous attend. Les voyageurs sur le chemin du retour sont détendus, plaisantent et ne se montrent pas impressionnés par les modestes conditions de place offertes. Et à chaque arrêt où d’autres passagers montent, on entend des commentaires plutôt sympathiques et on finit par faire de la place quelque part. La conductrice du car postal annonce que ceux qui ne veulent pas descendre doivent éviter d’appuyer sur «stop» par mégarde, car ils risqueraient de rater la correspondance à Sarnen. Elle aussi le dit avec un calme qui ne permet pas de penser que les voyageuses et les voyageurs pourraient ne pas l’écouter. Et c’est ainsi que le car postal arrive à l’heure et dans le calme à la gare de destination. L’arrêt de Sarnen semble être une porte de passage: nous revenons d’un autre monde, situé à près de 2000 mètres d’altitude. Un autre monde étonnamment proche. 

Panneaux de randonnée dans un paysage enneigé
(Copyright: Tom Huber)

La Poste est partenaire principal de Suisse Rando et s’engage pour ce réseau de sentiers unique en son genre. Vous trouverez toutes les informations sur cette randonnée ainsi que de nombreuses autres propositions de randonnées hivernales sur poste.ch/randonnees-hivernales.

rédigé par

Thomas Häusermann

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