En sortant de la gare de Coire en direction de l’ouest, on tombe sur le bâtiment postal réalisé par Richard Brosi et Robert Obrist entre 1990 et 1995. Entre la façade et l’avant-toit, une phrase flotte en couleur jaune poste : Trari trara DIE POST ist da! (Trari trara LA POSTE est là !) de Hannes et Petruschka Vogel. Fixées à une grille, les lettres en métal et en tubes de néon sont lisibles de jour comme de nuit.

L’artiste Hannes Vogel (1938, Coire) et la créatrice et architecte Petruschka Vogel (1943, Bâle – 2019, Zurich) ont collaboré depuis 1989 sur plusieurs projets pour l’espace public. Les éléments graphiques, le néon et l’écriture font partie de leur langage. Leur credo est de valoriser l’espace architectural pour les utilisateurs et utilisatrices. L’œuvre Trari trara DIE POST ist da! en est un exemple remarquable, car elle apporte un repère à la fois temporel et spatial. Premièrement, le geste scriptural en saillie indique le chemin vers la station des cars postaux, alors nouvelle, sous l’impressionnante halle en verre au-dessus des voies. La couleur rappelle que la place de la gare était jaune à l’époque où elle était occupée par les cars postaux. Deuxièmement, cette phrase implante définitivement le nouveau nom de la poste après que les PTT (poste et télégraphie/téléphonie) aient été divisées en 1998 en deux entreprises indépendantes, La Poste et Swisscom. Cette phrase, enfin, s’inspire d’un slogan publicitaire que la ville avait lancé dans les années 1940 et que la population pouvait lire à la gare non sans un froncement de sourcils : «Coire est belle, reste».

L’enseigne de Hannes et Petruschka Vogel constitue un point d’ancrage visuel pour la place de la gare, cependant elle semble aussi un peu délaissée, comme égarée. Sans doute est-ce dû au fait que le projet ambitieux d’un immense complexe urbanistique ne fut jamais achevé et l’agrandissement de la poste et la halle en verre en furent les seuls accomplissements. Les œuvres d’art dans l’architecture peuvent, en effet, se retrouver dans des situations imprévues et doivent alors s’affirmer de manière indépendante dans l’espace urbain.