Sur la Piazza Grande se trouve le Palazzo postale du célèbre architecte tessinois Livio Vacchini. Achevé en 1995, il est aujourd’hui classé monument historique. Cette construction compacte en verre et granit présente à l’extérieur une structure rythmée par de larges colonnes rectangulaires qui contraste avec l’atrium, à l’intérieur de l’édifice. C’est ici que se trouve le hall des guichets, au-dessus duquel s’ouvre, sur trois étages de haut, un vaste espace vertical. Trois immenses panneaux en béton ont été disposés dans cet espace et servent de support à des peintures acryliques géométriques. Un trapèze isocèle bleu ciel s’amincissant vers le haut est bordé d’un côté par un polygone noir. Le rétrécissement progressif de la forme vers le haut accentue l’impression de flottement des éléments en béton et crée un effet de profondeur.

Depuis 1984, Livio Bernasconi (1932, Muralto) donne à chacune de ses œuvres le même titre Immagine (Image). Il souligne ainsi l’autoréférentialité de ses peintures dont les caractéristiques sont l’abstraction, la géométrie et les champs de couleurs monochromes. L’œuvre du Palazzo postale est un parfait exemple des thèmes de prédilection qui occupent l’artiste depuis 1987. Des formes géométriques – aux contours ici anguleux, ailleurs arrondis – sont peintes dans une couleur dominante tandis que d’autres aplats de couleur s’organisent autour d’elles. Ou encore, le thème de la multiplication qui se manifeste ici par la répétition du même motif sur chacune des deux faces des trois panneaux en béton. Il faut souligner l’importance du dialogue entre la peinture et l’élément architectonique devenu surface de peinture. Les joints des panneaux en béton préfabriqué et les dessins du béton brut formés par les veines du bois de coffrage donnent à la matérialité de la peinture une qualité toute particulière.

Depuis 1965 Livio Bernasconi réalise des projets d’art dans l’architecture, aussi bien dans le secteur public que privé. Bien que ses interventions soient autonomes, elles interagissent subtilement avec l’architecture. La Commission fédérale d’art jugea que les panneaux en béton de l’atrium constituaient une surface idéale pour une peinture murale. L’architecte proposa trois artistes et c’est finalement Bernasconi qui fut choisi par la Direction des bâtiments et des immeubles des PTT.