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«Souvent, les employeurs ne voient que le handicap de la personne et non ses compétences.»

Jolanda Schönenberger est malvoyante et doit faire face à toutes sortes d’obstacles au quotidien. Comment perçoivent-elles l’accessibilité à la Poste?

Claudia Langenegger

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Jolanda Schönenberger sur son lieu de travail.
Jolanda Schönenberger est malvoyante et termine son stage de traductrice au service linguistique de la Poste. Copyright: Annette Boutellier

Une robe longue estivale et des sandales argentées, des cheveux bouclés, le teint mat, une canne blanche à la main et des yeux voilés: Jolanda Schönenberger est malvoyante et effectue un stage de traductrice au Service linguistique de la Poste. «Généralement, je ne vois que la lumière très vive, rien de plus», explique la Saint-Galloise.

Mais comment fait-elle pour travailler à l’ordinateur, en tant que malvoyante? «Grâce à la fonction de lecture des contenus», répond la traductrice. «Le programme me lit tout à voix haute. Tu veux essayer?», demande-t-elle à peine que déjà, la voix de synthèse lit un document à toute vitesse. Avant le début de son stage en avril, des spécialistes en informatique ont testé l’accessibilité des programmes et ont étendu la fonction de lecture des contenus. De plus, Jolanda Schönenberger a parcouru l’immeuble de bureaux au Wankdorf, à Berne, avec une formatrice en mobilité. Désormais, elle sait où se trouvent l’ascenseur et la cafétéria, où commencent les escaliers, elle reconnaît les revêtements de sol, les bruits et les odeurs.

Avec patience et une bonne dose d’humour

«Au début, ce n’était pas simple, il a fallu beaucoup de patience», se rappelle la trentenaire. «Heureusement, mes collègues sont très compréhensifs et tolérants.» L’humour est indispensable au quotidien. «Je n’hésite pas à faire des blagues sur mon handicap pour briser la glace.»

Jolanda Schönenberger en promenade. Une canne blanche l'aide à s'orienter.
Jolanda Schönenberger est née avec une déficience visuelle sévère. Copyright: Annette Boutellier

Jolanda Schönenberger est née avec une déficience visuelle sévère. Pendant longtemps, son acuité visuelle était encore de 10%. Elle portait des lunettes aux verres aussi épais que des fonds de bouteilles et fréquentait un établissement scolaire public. Elle faisait du vélo et lisait des livres. «Je devais rapprocher mon visage tout près des pages.» À 13 ans, elle a intégré l’École pour les aveugles et les malvoyants de Zollikofen (BE). Après le gymnase, elle a étudié à Genève, à Winterthour et à l’étranger.

Visibles grâce au numérique

Un décollement de la rétine lui a fait perdre complètement la vue. Elle s’est alors mise à utiliser la fonction de lecture des contenus sur l’ordinateur: «Beaucoup de choses sont devenues plus simples et plus accessibles avec le numérique». Si elle veut retirer de l’argent au Postomat, elle peut y brancher un casque audio, bien qu’elle sache par cœur où appuyer et après quel avertissement sonore.

Elle sait qu’il est très difficile pour beaucoup de personnes en situation de handicap de décrocher un entretien d’embauche. «Souvent, les employeurs ne voient que le handicap de la personne et non ses compétences.» Plus d’efforts doivent être fournis. «Par exemple, en incitant davantage les employeurs à nous recruter ou en instaurant des quotas temporaires.»

Jolanda Schönenberger se sent tout-à-fait à l’aise au Service linguistique. Après son stage, elle souhaite rester travailler à la Poste. «L’attitude du Service linguistique, l’ouverture d’esprit et la serviabilité de mes collègues sont tout simplement exemplaires.»

rédigé par

Claudia Langenegger

Rédactrice