Mission: aller chercher 36 femmes et enfants ukrainiens et les transporter dans l’Oberland bernois. La demande d’intervention ayant émané de la fondation «Zugang BTarget not accessible», l’Exploitation Sud de CarPostal n’a pas hésité une seule seconde à assumer la responsabilité du transport. Les conducteurs Daniele Di Siervi et Davide Tornatore se sont immédiatement portés volontaires pour cette mission. «Je l’ai fait parce que j’ai un lien spécial avec l’Ukraine, étant donné que ma femme est à moitié ukrainienne et à moitié moldave. Mais aussi et surtout parce qu’en tant que papa de deux enfants, ça me faisait de la peine d’imaginer ces pauvres enfants sous les bombes, à qui la guerre volait l’insouciance...», explique Daniele.

Entre canons et sirènes

Le 14 mars, Daniele et Davide partent pour la Pologne à bord d’un car postal rempli de denrées alimentaires. Arrivés le lendemain en Pologne à la frontière avec l’Ukraine, ils sont informés par la fondation Zugang B qu’ils retrouveront, un jour plus tard, leurs 36 passagers à la frontière. «Ce matin-là, à la frontière, nous avons vu les canons en position et entendu les sirènes retentir. Tout le monde était à fleur de peau. La police nous attendait. Elle nous a demandé des informations ainsi que nos pièces d’identité du fait que nous allions transporter des mineurs...», se souvient le conducteur originaire de Campanie.

Les deux conducteurs effectuent les formalités administratives et reprennent la route de la Suisse. «Au début, tout le monde était effrayé, désorienté et tendu. Nos passagers ne savaient pas à quoi s’attendre. Ils voulaient simplement fuir cet enfer. À mesure que nous nous éloignions de la frontière, la tension s’est transformée en résignation. Les enfants se sont amusés avec les jouets et les peluches que David avait apportés. Puis, ils ont regardé des dessinés animés sur la télévision du car. La suite du voyage s’est bien passée», rapporte le conducteur de 46 ans originaire de Cadro.

«Je le referais»

Les époux Di Siervi hébergent des proches réfugiés chez eux à Lugano et ont aidé d’autres Ukrainiens à s’installer au Tessin. Pour essayer d’atténuer leur douleur causée par l’abandon de leur pays, le couple organise régulièrement des soupers conviviaux à la maison. «Je suis reconnaissant envers Davide, qui a partagé et soutenu pleinement mon idée d’aider ces personnes, et surtout ces enfants qui n’ont rien demandé, et envers CarPostal pour avoir réalisé cette mission. Ce voyage n’aurait pas été possible sans le soutien inconditionnel de mes supérieurs. Je le referais à tout moment sans hésiter, même si j’espère de tout mon cœur que ce ne sera pas nécessaire et que cette guerre insensée prendra fin le plus vite possible», déclare Daniele.