Monsieur Andrae, la transformation numérique change tout, y compris le regard sur l’avenir. Peut-on prédire aujourd’hui le fonctionnement de la Poste dans 20 ans?

Michael Andrae: On sait d’expérience que, sur une période de 20 ans, il se produit des événements imprévus, qu’ils soient technologiques ou sociétaux. Ceux-ci échappent à toute tentative de prévision précise. Pour reprendre les termes de Peter Drucker, je dirais donc que «La meilleure façon de prédire l’avenir, c’est de le créer».

Si 20 ans sont trop, où se situe votre horizon de projection?

S’agissant des technologies et des marchés, on peut observer les tendances pour les cinq à dix ans à suivre. Nous, les «innovation managers», croyons toutefois aussi en notre capacité à trouver de bonnes solutions face à tous les défis. Cette confiance est à mes yeux indispensable pour un excellent travail d’innovation dans l’entreprise.

Vous êtes le responsable des innovations le plus haut placé de la Poste autrichienne. Qu’avez-vous sur le feu en ce moment?

Cela bouillonne dans tous les domaines, avec les ingrédients habituels: intelligence artificielle, robotique et durabilité.

Qu’est-ce que cela signifie concrètement?

Sur le marché des lettres et de la publicité, par exemple, nous renforçons notre empreinte numérique grâce à des solutions Digital Out of Home (DOOH) innovantes, qui sont de plus en plus intelligentes et peuvent fournir une publicité sur mesure.

Vous avez parlé d’IA, de robotique – et de durabilité.

Absolument. Dans le domaine de la durabilité, nous voulons faire systématiquement reculer les combustibles fossiles et promouvoir massivement la production d’énergie intelligente, issue de sources alternatives. Nous considérons qu’il est de notre responsabilité, en tant que Poste autrichienne, de jouer un rôle significatif dans la transformation de l’économie de marché vers une économie circulaire.

Une économie circulaire, dans quelle mesure?

Il y a ici un grand potentiel, que nous souhaitons conquérir parallèlement à la croissance de l’e-commerce. Avec nos emballages réutilisables – Post-Loop –, nous avons déjà franchi une importante étape en ce sens.

En quoi l’intelligence artificielle change-t-elle le travail dans la logistique?

Tout comme la Poste suisse, nous optimisons depuis longtemps nos processus d’exploitation à l’aide de l’intelligence artificielle: par exemple, la lecture intelligente des étiquettes, les notifications de distribution pour les destinataires ou les prévisions de volumes de colis. Par ailleurs, nous participons à des projets pilotes sur le thème de l’intelligence artificielle générative, avec pour objectif de faciliter le travail quotidien grâce à des solutions intelligentes de gestion du capital intellectuel et de continuer à augmenter la qualité de nos prestations.

La distribution sera-t-elle un jour totalement automatique et autonome?

Les piliers de la distribution restent nos collègues pleinement investis dans leurs tournées, pour qui l’on trouve sans cesse de nouvelles formes d’assistance afin de les aider à remplir leur mission de manière aussi efficace, confortable et satisfaisante que possible. À l’avenir, derrière chaque opération entièrement automatisée de distribution d’un colis ou d’une lettre, il y aura toujours une ou un collègue.