Bruno Schumacher, La semaine dernière, vous vous trouviez encore au camp SEF.NextGen. Qu’as-tu pensé de l’ambiance là-bas?

Elle était excellente. J’ai rencontré des jeunes engagés et extrêmement motivés, tout le contraire de l’image que beaucoup de gens se font de la jeunesse, aujourd’hui. Les jeunes étaient curieux, très ouverts et larges d’esprit. Ils veulent changer les choses et font quelque chose qui a du sens pour eux. Nombre d’entre eux ont déjà créé une entreprise ou acquis de l’expérience dans l’entrepreneuriat. C’était génial de pouvoir échanger avec eux. Ils ont de l’ambition et des projets et je suis heureux que la Poste puisse apporter sa pierre à cet édifice.

Avez-vous été surpris par quelque chose au camp SEF.NextGen?

J’ai été sacrément impressionné par l’énergie et la créativité dont les jeunes ont fait preuve ainsi que par leur engagement et leur motivation pour présenter leurs résultats à la fin de la semaine. Cerise sur le gâteau: ces résultats étaient originaux et géniaux.

Quels sont les principaux défis que la Poste doit relever pour rester pertinente aux yeux des enfants et adolescents en âge scolaire?

Le premier est d’accéder à ce jeune groupe cible. Il n’est pas si simple de contacter ce groupe, qui est délicat à aborder du point de vue politique. Par ailleurs, les exigences sont particulièrement élevées en matière de protection des données. Ensuite, nous devons faire en sorte que ce jeune groupe cible associe son expérience avec la Poste à des émotions positives. Il ne doit surtout pas se dire: «Tiens, le géant jaune tentaculaire vient nous faire la leçon.» Au contraire: les jeunes doivent être pris au sérieux et sentir que l’on s’adresse à eux. Cela demande beaucoup de doigté.

Mais que pensent les jeunes, au juste? Que retirez-vous du camp SEF.NextGen?

Nous pouvons partir d’une excellente base, car les jeunes ont une image positive de la Poste. La Poste est présente, sympathique et familière pour tout le monde. En outre, notre couleur jaune Poste favorise le lien. Les jeunes disent par ailleurs de la Poste qu’elle est digne de confiance. S’ils lui font confiance, ils attendent néanmoins à ce qu’elle fasse honneur à son devoir en fournissant le meilleur service public possible. Elle doit avant tout prendre ses responsabilités du point de vue de l’éducation et de la société. De très nombreuses suggestions et idées ont été proposées pour ces deux dimensions. En revanche, cela n’a pas été le cas pour le domaine «Produits et prestations».

Pourquoi, à votre avis?

Je crois que les participantes et les participants au camp ont eu du mal à s’imaginer quel produit ou quel service serait adapté pour un enfant de 10 ans. Cependant, les résultats du camp d’automne 2022 avaient dessiné une image claire: tous les groupes avaient élaboré des solutions numériques reposant sur une plateforme ou une application. Nous avons donc décidé au camp de printemps 2023 d’ajouter aux trois dimensions les éléments physiques, c’est-à-dire nos filiales, nos centres logistiques, nos bâtiments administratifs, nos filiales PostFinance et nos cars postaux.

Pourquoi? Quel est l’objectif derrière cela?

Nous voulons les relier à la jeune génération, qui est certes adepte du numérique, mais qui est aussi très ancrée localement. Un enfant de 10 ans ne se déplace pas à Zurich parce qu’il s’y passe quelque chose. Nous devons donc venir aux jeunes, conformément aux préceptes de notre raison d’être et de notre vision. Nous voulons être proches des personnes et être présents partout. Et comment faire cela sans devoir inventer quelque chose? Par notre présence physique.

Que deviendront les idées des jeunes? Quelles sont les prochaines étapes?

Nous allons à présent évaluer tout le matériel issu des deux camps et élaborer des propositions concrètes concernant les prochaines étapes. Notre philosophie est celle de la pratique, de la mise en œuvre: piloter, appliquer, mettre en œuvre, tester, apprendre des expériences, se heurter à des obstacles, etc.

Les jeunes participeront-ils eux aussi à la mise en œuvre?

Bien sûr! Nous devons encore réfléchir sous quelle forme. Une collaboration avec des réseaux internes comme Young Voice et Insieme me semble cependant être tout indiquée. Quoi qu’il en soit, nous avons l’intention d’impliquer les jeunes autant que possible. Aucun doute là-dessus.

Les jeunes sont volontaires et comme vous l’avez dit, ils ne sont pas du genre à rester les bras croisés. Comment la Poste peut-elle faire pour exploiter encore davantage cet engagement, à l’avenir?

Nous en faisons déjà énormément dans le domaine de la formation professionnelle. Chaque année, nous permettons à quelque 1900 jeunes de s’engager professionnellement. Ils bénéficient d’une large formation et peuvent assumer des responsabilités. En outre, ils peuvent s’engager dans les domaines social et de la durabilité. Cependant, on peut toujours améliorer les choses. Il est donc important d’aller davantage à la rencontre des jeunes, de les inviter, les écouter et dialoguer avec eux. Il nous faut cependant aussi expérimenter. Les deux approches sont nécessaires. L’une ne doit pas exclure l’autre. Je pense que cela nous permettra de progresser plus vite.