A partir de 1910, le Conseil fédéral a élu la Commission fédérale d’art (CFA) sur proposition du Département de l'intérieur. Elle existe aujourd’hui encore et elle conseille l’Office fédérale de la culture dans toutes les questions touchant à l’encouragement de l’art et de l’architecture; ses membres font partie du jury des Swiss Art Awards. La CFA n’a pourtant pas toujours été chargée d’attribuer des mandats artistiques pour les bâtiments de la Poste. La Direction des constructions fédérales ou l'administration postale passaient directement commande sans faire appel à des membres de la CFA. Ce n’est qu’à partir du milieu des années 1930 que la CFA a repris la direction des concours. C’est aussi à ce moment-là qu’on a eu l’idée d’accorder un pour cent du montant de la construction à des ouvrages artistiques. Ce n’est qu’en 1949 que la Direction générale des PTT a institué cette pratique de manière régulière. Depuis, ce 1% artistique ne s’est pas seulement établi au sein des pratiques de la Poste, mais auprès des fondations et autres maîtres d’ouvrage publics. Les commandes d’art dans l’architecture permirent de soutenir des artistes en difficulté pendant la crise économique mondiale et jusque dans les années 1950, après la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui encore, ces projets constituent une source de revenu importante pour les artistes. La plupart du temps, les artistes choisis sont originaires de la région dans laquelle le projet architectural est réalisé. Ce système sert donc aussi à soutenir la scène artistique locale dans le système fédéraliste suisse.

Dès la fin des années 1950, le genre de l’art dans l’architecture s’est émancipé de son corsage d’art ornemental pour acquérir une valeur et une reconnaissance égales à celle de l’architecture. C’était notamment lié à un nouveau mode de construction. Les éléments architecturaux comme la niche, les pignons, les frises étaient destinés à être décorés, or, avec les bâtiments en béton armé, ces cadres ont disparu. En ce qui concerne le contenu des interventions artistiques, elles ont, dans un premier temps, célébré les prouesses des PTT (poste, téléphonie et télégraphie). Après 1950, les œuvres d’art se sont peu à peu libérées des sujets liés aux PTT. Il arrive aussi qu’une œuvre artistique ait la fonction de faciliter l’approbation des nouveaux bâtiments, ceux d’un style moderniste en particulier, exposés à la critique populaire.

Dès 1969 les projets de construction de la Poste n’ont plus été dirigés par la Direction des constructions fédérales mais par les PTT eux-mêmes. La CFA est restée néanmoins présente dans tous les jurys jusqu’à la dissolution des PTT en deux entreprises indépendantes, La Poste Suisse SA et Swisscom. En 1998, l’Unité Immobilier Poste a repris les projets d’art dans l’architecture. Le Service spécialisé des Beaux-arts, créé en 2020, gère toutes les questions relatives à l’art dans l’architecture. Il s’occupe de l’entretien et de la maintenance des œuvres et fait des recommandations lorsque l’environnement de l’œuvre doit être réaménagé.

Durant toutes ces années, 180 œuvres ont vu le jour dans et sur des édifices postaux de toute la Suisse. Aujourd'hui, environ 75 d'entre elles sont encore en possession de la Poste et continuent d’animer l'espace public.

Le portefolio de l’art dans l’architecture raconte une histoire de la Suisse d’un point de vue artistique. Cette histoire se poursuit puisque la Poste continue de promouvoir la réalisation d’œuvres d’art dans le cadre de nouvelles constructions propices à les accueillir. Cet engagement vise aussi à créer des espaces socialement durables pour contribuer à la qualité de vie des personnes habitant en Suisse.